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  • Photo du rédacteurY. Roche et J. Lévesque

Les Jeux sont faits!

Dernière mise à jour : 7 juin 2018

La flamme olympique vient de s’éteindre. Adieu PyeongChang 2018, et en attendant Tokyo 2020, c’est l’heure des premiers bilans, sportifs et géopolitiques.

Cérémonie de clôture des jeux de PyeongChang 2018 (Photo : Getty Images/Kai Pfaffenback)


Merci et bravo aux hôtes coréens

A la fin de l’année 2017, l’affaire semblait pourtant mal engagée : tensions Corée du Nord – États-Unis, dopage et suspension de la Russie, faible engouement de la part du public avant les Jeux. De quoi donner des maux de tête aux organisateurs, et s’inquiéter de la tenue même de l’évènement. Mais tout s’est heureusement bien passé. La Corée du Nord s’est présentée, les symboles se sont multipliés, les athlètes, les spectateurs et les téléspectateurs ont semblé apprécier les jeux olympiques, qui se sont tenus à bien moindre coût que Sotchi 2014. Bravo donc aux organisateurs et merci à la Corée du Sud, qui a su accueillir la planète durant seize jours de compétitions hautes en couleurs. Mais plusieurs remarques s’imposent, sur le plan géopolitique :


Virage asiatique

Les jeux d’hiver de 2018 viennent de se tenir en Corée du Sud. Ceux d’été en 2020 auront lieu au Japon (Tokyo), et en 2022 ce sera au tour Beijing d’accueillir les jeux d’hiver. La tendance est nette, elle est en partie circonstancielle (notamment dans le cas de 2022 où plusieurs villes candidates européennes et américaines s’étaient retirées d’elles-mêmes), mais elle traduit aussi une importance croissante de l’Asie dans le monde. Et encore l’Inde se tient t-elle en retrait dans les courses à l’organisation des grands évènements sportifs… On note d’ailleurs une nette tendance à l’amélioration des résultats résultats des trois pays asiatiques médaillés aux jeux d’hiver[1] depuis 2002. Si la Chine se maintient au même niveau, le Japon est en progrès constant, de même que la Corée, hormis Vancouver, et qui a pleinement profité à PyeongChang de « l’avantage de la glace ». Il y a fort à parier que cette tendance va se prolonger à Beijing en 2022, vraisemblablement au profit de la Chine.

Total des médailles des pays asiatiques de 2002 à 2018, sous la forme Total (or+argent+bronze) Source CIO


Ouverture?

Plusieurs nouvelles compétitions ont été ajoutées au programme de ces jeux d’hiver, pour un total record de 102, à des années-lumière des 24 compétitions de Cortina d’Ampezzo en 1956 ou même des 61 podiums de Lillehammer en 1994. Grand bénéficiaire de cette croissance, le ski acrobatique répond à une volonté du CIO de s’ouvrir à des spectateurs (et des compétiteurs) plus jeunes, avec des compétitions s’apparentant à des X-Games sur neige. Et cela semble fonctionner, d’autant que plusieurs athlètes de 16 et 17 ans ont remporté des médailles dans ces disciplines, qui ont connu un grand succès auprès du public coréen.


De manière plus générale, cette multiplication des compétitions a eu pour effet d’augmenter le nombre de pays médaillés, ce qui est aussi un des effets recherchés. Les jeux d’hiver demeurent tout de même une affaire de pays occidentaux aux traditions hivernales, comme la Norvège, l’Allemagne et le Canada. Traditionnellement excellents en patinage de vitesses, les Coréens ont réussi à glaner un titre et une médaille d’argent dans des sports de glisse (skeleton, Bobsleigh à quatre), ce qui est une première dans ces sports pour des athlètes asiatiques. Trente pays ont accédé au podium, le plus haut total de l’histoire des jeux d’hiver, mais il ne s’agissait d’une première pour aucun d’entre eux. On constate tout de même une plus grande participation de pays moins habitués aux honneurs et une certaine universalisation, même si les conditions climatiques et les héritages culturels font que les jeux d’hiver ne seront jamais aussi répandus que ceux d’été. A ce titre, les participations du Tongien Taufatofua et du mexicain Madrazo au ski de fond ont attiré l’attention, comme les athlètes nigérianes au bobsleigh féminin, tandis que leurs homologues jamaïcaines faisaient la manchette en se retrouvant privées de leur engin par leur coach qui venait de claquer la porte à la veille des jeux avant d’être sauvées in extremis par une marque de bière…Bien que sympathiques et symbolisant l’esprit olympique, ces épisodes ont encore souligné l’abîme séparant les pays compétitifs aux jeux d’hiver de ceux pour qui, comme le désirait Coubertin, l’essentiel est de participer.


Le bilan russe

Sur la sellette depuis des mois et privés de leur drapeau et de leur hymne national, les athlètes olympiques de la Russie ont connu, sans surprise, des jeux très difficiles, avec 17 médailles mais seulement deux titres olympiques. Et surtout, comme dans le cas du ski de fond, certaines médailles (pour ne pas dire la majorité d’entre elles) sont entachées de suspicion, et ce total pourrait être remis en question dans peu de temps.

Mais surtout, durant les jeux, deux athlètes russes ont été contrôlés positifs, ce qui ne risque pas de lever les doutes sur les performances d’ensemble de leur délégation. Si la bobeuse Nadezhda Sergeeva n’avait pas eu de médaille avant d’être exclue des jeux, Alexander Krushelnytsky avait gagné le bronze au curling mixte. Il a été contrôle positif au meldonium et a dû rendre sa médaille et a mis lui aussi son comité olympique dans une situation intenable. On est donc très loin de voir la fin de la saga des athlètes russes, même si l’intérêt d’utiliser des produits dopants au bobsleigh mais surtout au curling ne saute pas aux yeux. Et la Coupe du monde de soccer qui se profile à l’horizon… en Russie justement


Et maintenant?

Que retenir donc de ces jeux de PyeongChang? Bien organisés, ils se sont déroulés sans incident et peuvent être considérés comme un grand succès. Certains athlètes se sont distingués, comme la Norvégienne Marit Bjørgen, la Tchèque Ledecka, la Canadienne Kim Boutin ou l’Allemande Laura Dahlmaier. D’autres ont déçu. Il y a eu des joies et des peines, des controverses, des cas de dopage. La Norvège, petit pays par sa démographie mais géant des jeux d’hiver a dominé le classement des médailles, avec un total record de 39 médailles dont 14 d’or, et ceci sans scandale ou suspicion de dopage. La Corée du Sud a très bien tiré parti de sa position d’hôte et la Corée du Nord, bien qu’ayant beaucoup fait parler d’elle, est revenue bredouille. Il y a peu d'espoir que les gestes symboliques d'apaisement impliquant Pyongyang se concrétisent ou aboutissent à de réels progrès diplomatiques maintenant que la flamme s'est éteinte. La tension est d'ailleurs déjà remontée d'un cran entre Corée du Nord et États-Unis.


Les jeux d’hiver restent tout de même une grande fête, un spectacle fascinant même s’ils ne font pas vibrer la planète entière comme leurs homologues d’été. Les organisateurs des jeux de Beijing devront relever le défi de l’agenda 2020 qu’impose maintenant le CIO, à savoir celui de la durabilité et de la sagesse, mais l’exemple des jeux de 2008 ne rassure pas forcément à cet égard. Rendez-vous est néanmoins pris pour dans quatre ans, toujours en Asie de l’Est.


Par Yann Roche

[1] Avec la Corée du Nord, qui a récolté deux médailles en 9 participations, incluant celle de PyeongChang

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